Pourquoi les plus chétifs, les plus petits, les désavantagés peuvent-ils espérer gagner contre des compétiteurs qui ont accès à des ressources infiniment plus vastes qu’eux ? C’est la question que se pose tout entrepreneur ou acteur de changement social. Malcolm Gladwell s’est également penché sur la question dans son œuvre intitulé David et Goliath : Comment les moins forts réussissent à vaincre, envers et contre tout.
La thèse de Gladwell est assez originale, en regardant à travers l’histoire, des gens ordinaires peuvent rivaliser et faire tomber des « géants ». «Chaque chapitre raconte l’histoire d’une personne – célèbre ou inconnue, ordinaire ou brillante – qui, face à d’énormes problèmes, a été forcée de réagir en se posant les questions suivantes : Devrais-je suivre les règles du jeu ou mon instinct ? Devrais-je persévérer ou abandonner ? Devrais-je riposter ou pardonner ? »
Suite à l’exploration de ces histoires où il y a un grand déséquilibre entre les forces, Gladwell fait deux constats. D’abord, Hollywood le sait déjà depuis belle lurette, ces histoires de perdants qui réussissent contre toutes attentes nous fascinent, elles sont une grande source d’inspiration et de motivation car on s’identifie aisément avec un battant tel que David. David, un simple berger envoyé au massacre, refuse les armes du roi sachant très bien qu’un bouclier ou une épée sera inutile dans ses mains contre le géant Goliath.
Le deuxième constat est qu’on surévalue souvent la force de Goliath. En apparence Goliath à tous les atouts, la force physique, l’endurance, les armes de pointe, tout est là pour un carnage. Mais ce que Goliath ne comprend pas, ce qu’il n’a pas encore soupçonné c’est que la bataille n’est pas nécessairement au corps à corps.
Les forces des géants sont souvent leurs faiblesses. David, en utilisant une surdose de bravoure et d’imagination, redéfinit le champ de bataille avec quelques pierres et sa fronde qu’il utilise pour surprendre Goliath, le faire tomber et trancher sa tête avec sa propre épée.
En surévaluant la force de nos adversaires, on donne plus souvent qu’autrement dans l’immobilisme ou la paralysie. C’est ce qu’on peut constater aussi dans le jeu économique et politique des changements climatiques. Face aux géants de l’industrie et à la consommations compulsive, les états font des pas timides alors que les milliers (pour ne pas dire millions) d’entrepreneurs verts/durables/propres grouillent telle une armée de fourmis. En apparence, les gaz à effets de serre continuent d’augmenter, les états malgré de belles paroles restent les bras croisés et les compagnies font des profits records et des consommateurs d’endettent.
C’est une situation qui, en apparence, restera sûrement inchangée pour l’éternité. Or, les géants ont des pieds d’argile, les nouvelles technologies et les changements de comportements arrivent à une masse critique; les gouvernements changent leur fusil d’épaule, ouvre une nouvelle porte ou ils tombent; et des industries font soudainement faillite. C’est un changement inattendu, un petit joueur qui expose la fragilité d’un ancien modèle d’affaires.
Lorsque nous arrivons à exploiter les faiblesses des géants, nous arrivons à redéfinir le terrain de jeu entièrement.
Extraits : David et Goliath, Malcolm Gladwell