Nous, personnes résidentes des pays du Nord, menons un rythme de vie assez effréné en général. L’offre harcelante de consommation catalyse le désir d’avoir toujours les dernières nouveautés et de vouloir remplacer nos biens tantôt brisés, tantôt devenus fade à nos yeux. Nous possédons les moyens de se permettre l’achat d’un nouveau divan « pour faire changement », d’une nouvelle paire de chaussures « pour se gâter » ou d’une « bonne pièce de viande rouge ».

Cette consommation est intrinsèque à nos niveaux de vie élevés et elle est le résultat de nos milieux de vie confortables : plus on a un revenu élevé, plus on consomme [1]. Cependant, cette proximité à la consommation induit des conséquences directes sur les systèmes environnementaux et sociaux. Ces impacts sont invisibles, mais bien réels. Nos train-train de vie ainsi que les décisions que nous prenons au quotidien dictent les patrons d’émissions de gaz à effet de serre (GES). La communauté internationale est unanime depuis plusieurs années : la réduction de nos émissions de GES, tant dans les systèmes organisationnels globaux que dans les choix des consommatrices et des consommateurs, sont la clé au renversement des changements climatiques.

Les citoyennes et les citoyens aisés du globe seraient les plus responsables des impacts environnementaux, mais seraient centraux dans la transition vers des pratiques qui tendent à l’atteinte de conditions environnementales sécuritaires [1]. Il peut être difficile pour certaines et certains de se tourner vers un mode de vie plus durable alors que nous sommes entourés de publicités et d’incitations incessantes à consommer. Cependant, selon un sondage effectué en 2019 pour CBC, 75% des Canadiennes et des Canadiens seraient prêts à apporter des changements à leur quotidien afin d’aider à réduire les conséquences des changements climatiques [2].

Avant de se lancer dans l’achat de pailles en bambou, d’une foule de sacs réutilisables et de faire l’entièreté de son épicerie en vrac, il est pertinent de mesurer son empreinte environnementale afin de cibler quelles actions seraient réellement bénéfiques dans notre situation. Voilà ce que permettent plusieurs calculateurs individuels d’impact environnemental en ligne!

Ces calculateurs gratuits visent à rassembler différents impacts environnementaux des activités humaines sur un dénominateur commun. C’est en nous posant diverses questions sur nos habitudes de vie que ces outils numériques peuvent arriver à quantifier notre impact personnel sur la planète… ou sur plusieurs planètes, pour la plupart des habitantes et des habitants des pays industrialisés. Effectivement, on peut obtenir des réponses sous forme de superficie, comme le nombre de planète qu’on aurait besoin pour soutenir notre activité individuelle durant une année; on peut aussi obtenir une réponse en nombre de tonnes de CO2 équivalent émis par année.

L’empreinte écologique nous fournit une réponse en superficie. Cette méthode de calcul quantifie la surface requise pour la production des aliments et des biens de consommation, à laquelle est additionnée la surface nécessaire pour l’absorption de la pollution et des déchets générés par nos activités quotidiennes. La moyenne nationale canadienne est de 5 planètes [3]. L’outil développé par le Global Footprint Network permet le calcul de cette superficie personnelle et de visualiser les secteurs d’émissions qui demandent le plus d’attention. Il propose des solutions liées afin de diminuer don empreinte écologique.

L’empreinte carbone, quant à elle, nous donne une réponse en quantité de CO2 équivalent émis par année. Ce sont les émissions de gaz à effet de serre qui contribuent aux changements climatiques issus de nos activités qui y sont calculés. Parmi ces gaz, on y inclut le CO2, le méthane (CH4) et l’oxyde nitreux (N2O) qui sont tous rapportés, par une conversion mathématique, à la valeur numérique correspondante au CO2. Par exemple, l’émission d’une tonne de méthane équivaut à l’émission de 28 tonnes de CO2 [4]. En additionnant toutes les quantités de gaz émis dans l’atmosphère par nos activités, qu’on rapporte sur le dénominateur commun du CO2, on dit que notre empreinte carbone équivaut à X quantité de CO2 équivalent. La plupart des calculateurs en ligne y incluent les 3 GES mentionnés plus haut, mais il n’y a aucun standard. Les organismes qui développent les calculateurs peuvent décider des GES qu’ils veulent inclure.

Ces outils qui se sont multipliés au cours des dernières années ont été développés par des organismes gouvernementaux et non-gouvernementaux et par des entreprises privées [5]. Il n’y a aucun standard qui régit ces outils, mais ils doivent combiner deux tâches communes, soit celle de la communication efficace que l’empreinte carbone actuelle est loin d’être considérée soutenable et celle de la suggestion de la poursuite d’une empreinte davantage soutenable [6]. Cependant, si on entre les mêmes données dans des calculateurs distincts, les résultats obtenus seront grandement divergents d’un outil à l’autre [7]. Ces différences s’expliquent par plusieurs raisons.

Les calculateurs posent différentes questions, certaines plus pointues que d’autres. Les secteurs ayant le plus d’impacts sont ceux de l’énergie utilisée pour chauffer et éclairer les domiciles, les habitudes de transport et le régime alimentaire. Certains outils ne posent pas de questions sur le régime alimentaire, ce qui peut produire des résultats imprécis et erronés considérant que l’alimentation constitue entre 16 et 31% de l’empreinte d’une personne [5]. Alors que d’autres outils vont jusqu’à poser des questions supplémentaires sur les quantités de déchets qu’on génère, sur les achats que nous faisons et même sur nos revenus annuels qui sont de bons indicateurs de nos modes de consommation, et donc de notre impact environnemental.

Les outils peuvent également utiliser des facteurs de conversion différents ou ne pas être adaptés au contexte géographique de la personne qui désire connaitre son empreinte [7]. Par exemple, l’empreinte énergétique d’une personne qui vit au Québec est nettement inférieure à celle d’une personne qui vit en Alberta. Au Québec, c’est 95%  de l’énergie qui est produite à partir de l’hydroélectricité [8], relativement à l’Alberta qui produit son électricité à 91% à partir de combustibles fossiles [9]. Certains outils ne s’adaptent pas au contexte qui est pourtant un facteur capital dans la valeur de l’empreinte carbone et écologique d’une personne.

Chose certaine, il est impossible de calculer son impact au gramme ou à l’hectare près. On répond aux questions au meilleur de nos capacités et les calculateurs comportent eux aussi leurs lots d’incertitudes. Cependant, c’est un outil important pour nous faire prendre conscience de notre impact environnemental et de l’importance d’améliorer nos pratiques quotidiennes. Les résultats individuels sont toujours comparés aux moyennes nationales ou internationales afin pouvoir visualiser l’ampleur de son impact. Le calcul de son empreinte personnelle est un point de départ important dans le cheminement vers un mode de vie plus sobre en carbone. La plupart des outils propose des solutions personnalisées selon les secteurs de nos activités qui nécessitent le plus d’attention. Certains vont même jusqu’à proposer la compensation de ses émissions par la contribution monétaire à des projets de réduction et de séquestration de carbone.

Chez Will, nous croyons que tout geste de réduction de GES est valide et important. C’est pourquoi, nous vous proposons de calculer votre empreinte avec ces outils et d’apporter des changements qui seraient soutenables à long terme dans votre mode de vie. Changer ses ampoules pour des ampoules efficaces, écourter ses douches d’une minute, faire plus de commissions à pied et à vélo et prendre le transport en commun plus souvent, prioriser l’autopartage, diminuer sa consommation de produits animaliers sont tous des gestes qui interviennent dans les domaines qui ont des impacts notoires sur les systèmes environnementaux.

Lorsque vous aurez effectué ces changements, nous vous invitons à recalculer votre empreinte avec le même outil utilisé initialement. Vous constaterez sans aucun doute une diminution dans la valeur de votre empreinte, tout à votre honneur! Finalement, on vous invite à contribuer monétairement pour vos émissions irréductibles. Ce cheminement est efficace pour prendre conscience de son impact et pour assurer la soutenabilité de son quotidien. Selon WILL, la priorisation de la réduction de ses émissions de GES avant de participer aux marchés du carbone volontaire est la voie de la réussite pour lutter contre les changements climatiques.

 

Nos suggestions d’outils de calcul :

Global Footprint Network : Outil développé par l’organisme sans but lucratif qui permet de calculer son empreinte écologique tout en visualisant les secteurs d’émissions les plus importants.

Calcul ton empreinte écologique : développé par le ministère de l’environnement et de la lutte contre les changements climatiques. L’outil est facile à utiliser et il ajoute un complément d’information à chaque réponse.

CoolClimate Network : L’outil développé par l’université Berkeley est l’un des plus détaillés puisqu’il s’adapte au contexte géographique de la personne qui répond au questionnaire et il pose des questions sur divers secteurs de nos activités.

 

Suggestion de balado:

Balado 3.7 planètes de François Bellefeuille : On vous suggère de suivre les quêtes de François Bellefeuille vers un mode de vie plus soutenable et de monter un spectacle humoristique qui fait réfléchir aux enjeux environnementaux et à nos impacts sur la planète.

Alexie Roy-Lafontaine

Alexie Roy-Lafontaine

Rédactrice scientifique pour le web et les réseaux sociaux

Autrice de l’article