La lutte contre les changements climatiques est plus que jamais une priorité pour les entreprises. Entre réglementations de plus en plus strictes, attentes des consommateurs et exigences des investisseurs, mesurer et réduire son empreinte carbone est devenu incontournable. Si le Scope 1 et le Scope 2 sont bien compris et intégrés dans les bilans carbone, le Scope 3 reste souvent un défi de taille. Pourtant, c’est lui qui représente la majorité des émissions d’une entreprise. Qu’est-ce que le scope 3 ? Comment le mesurer ? Pourquoi est-il si crucial ? Et surtout, comment agir concrètement pour le réduire ?
Définition du Scope 3 : Origine et historique
Naissance du concept avec le Protocole GHG
Le concept des Scopes 1, 2 et 3 a été introduit par le Greenhouse Gas Protocol (GHG Protocol), un cadre international établi au début des années 2000 pour standardiser la comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre (GES). L’objectif était de permettre aux entreprises et organisations d’identifier précisément leurs sources d’émissions et de mettre en place des stratégies de réduction efficaces.
Évolution des normes et réglementations internationales
Au fil des années, plusieurs réglementations et standards internationaux ont intégré le concept de Scope 3 :
- Normes ISO 14064 : définissent les principes de comptabilisation des émissions de GES. Chez WILL, nous utilisons cette norme pour calculer vos bilans carbone corporatifs.
- CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive, UE) : oblige les grandes entreprises à déclarer leurs émissions, y compris le Scope 3.
- SEC (Securities and Exchange Commission, États-Unis) : prévoit des obligations similaires pour les entreprises cotées.
- SBTi (Science Based Targets initiative) : incite les entreprises à fixer des objectifs alignés avec l’Accord de Paris, incluant des réductions ambitieuses du Scope 3. Le mouvement SBTi permet notamment aux entreprises de cibler le net zéro 2030/2050.
Pourquoi parle-t-on autant du Scope 3 aujourd’hui ?
Si le Scope 1 (émissions directes) et le Scope 2 (émissions liées à l’énergie achetée) sont bien maîtrisés, le Scope 3, qui englobe toutes les émissions indirectes liées à la chaîne de valeur d’une entreprise, est souvent négligé. Pourtant, il peut représenter jusqu’à 90 % des émissions totales d’une organisation. Les entreprises qui veulent réellement atteindre la carboneutralité doivent donc s’y attaquer sérieusement.
Qu’est-ce que le Scope 3 ?
Explication des trois scopes
Scope 1
Le Scope 1 regroupe toutes les émissions de gaz à effet de serre (GES) directement générées par les activités de l’entreprise. Il s’agit des sources d’émissions qu’elle possède ou contrôle, principalement liées à la combustion de combustibles fossiles. Par exemple:
– L’essence ou le diesel consommé par la flotte de véhicules d’une entreprise de livraison.
– La combustion de gaz naturel dans les chaudières d’une usine de fabrication.
Scope 2
Le Scope 2 englobe les émissions indirectes générées par la production de l’énergie consommée par l’entreprise. Ces émissions proviennent des fournisseurs d’électricité, de chauffage ou de refroidissement et dépendent fortement du mix énergétique utilisé dans la région.
– L’électricité achetée par un immeuble de bureaux et utilisée pour alimenter les ordinateurs, l’éclairage et la climatisation.
– La vapeur utilisée par une usine, produite par une centrale thermique au charbon.
Scope 3
Le Scope 3 regroupe toutes les autres émissions indirectes associées aux activités de l’entreprise, mais qui ne relèvent ni du Scope 1 ni du Scope 2. Celles-ci proviennent de l’ensemble de la chaîne de valeur, c’est-à-dire des fournisseurs, des clients, des partenaires et même des investissements réalisés par l’entreprise. Les émissions du Scope 3 sont souvent les plus importantes et les plus complexes à quantifier, car elles couvrent une vaste gamme d’activités situées en dehors du périmètre direct de l’entreprise. Elles incluent, entre autres, la fabrication des matières premières achetées, le transport des marchandises, l’utilisation des produits vendus et leur fin de vie.
Présentation des 15 catégories du Scope 3
Le Scope 3 est divisé en 15 catégories, regroupant les émissions en amont et en aval :
Amont (avant la production ou l’utilisation) :
1. Biens et services achetés
2. Immobilisations (ex. : équipements et infrastructures)
3. Activités liées au carburant et à l’énergie non incluses dans le Scope 1 et 2
4. Transport et distribution en amont
5. Déchets générés par les opérations
6. Déplacements professionnels
7. Navettage des employés
8. Actifs loués en amont
Aval (après la production ou la vente) :
9. Transport et distribution en aval
10. Traitement des produits vendus en fin de vie
11. Utilisation des produits vendus
12. Traitement des déchets liés aux produits vendus
13. Actifs loués en aval
14. Franchises
15. Investissements
L’infographie ci-dessous présente visuellement le scope 3, sous la perspective des 15 catégories d’émissions qu’il inclut.

Pourquoi une entreprise devrait mesurer son Scope 3 ?
Réglementation et conformité
Avec des exigences croissantes en matière de divulgation carbone (CSRD, SEC, SBTi), les entreprises doivent désormais mesurer et rapporter leurs émissions Scope 3 pour répondre aux attentes des autorités et du marché.
Pression des investisseurs, clients et parties prenantes
Les investisseurs privilégient de plus en plus les entreprises engagées dans une démarche de réduction des émissions de GES. De plus, les clients et consommateurs sont attentifs à l’impact environnemental des produits et services qu’ils achètent.
Intégration du Scope 3 dans les stratégies Net Zéro et ESG
Réduire son Scope 3 est un levier clé pour atteindre les objectifs de carboneutralité et améliorer son score ESG (Environnemental, Social et de Gouvernance).
Autres bénéfices
- Positionnement durable et offre d’une gamme de produits et services éco-responsables
- Réduction des coûts opérationnels (optimisation des transports, meilleure gestion des déchets, efficacité énergétique)
- Amélioration de la résilience de la chaîne d’approvisionnement
- Accès à de nouveaux marchés et opportunités d’affaires
- Construction d’un écosystème d’affaires durable, fondé à la fois sur les synergies économiques et ESG entre ses parties prenantes.
Comment calculer les émissions Scope 3 de mon entreprise ?

Identification des sources d’émissions pertinentes
Toutes les entreprises ne sont pas concernées par les 15 catégories du Scope 3. Il faut donc identifier celles qui ont le plus grand impact dans votre secteur.
Outils et méthodologies disponibles
- GHG Protocol : méthodologie internationale de référence
- Bilan Carbone® : approche utilisée en France et au Québec
- Bases de données d’émissions (facteurs d’émission officiels, ACV, etc.)
Mandater un expert carbone
Le calcul du Scope 3 peut être complexe. Solutions Will propose un accompagnement clé en main pour identifier, mesurer et réduire vos émissions Scope 3 efficacement.
Comment réduire les émissions Scope 3 de mon organisation ?
Actions à court terme
- Optimisation de la chaîne d’approvisionnement (fournisseurs écoresponsables, circuits courts)
- Éco-conception des produits (matériaux recyclés, allongement de la durée de vie des produits)
Stratégies à long terme
- Transformation des chaînes d’approvisionnement (passage aux énergies renouvelables, innovations bas carbone)
- Économie circulaire et réutilisation des ressources
Financement carbone et compensation
Malgré tous les efforts, certaines émissions sont incompressibles. L’achat de crédits carbone certifiés permet de compenser ces émissions tout en soutenant des projets environnementaux locaux.
Défis et limites du Scope 3
Manque de données précises et traçabilité difficile
L’accès aux données des fournisseurs et des partenaires est souvent limité.
Dépendance aux fournisseurs
Une entreprise ne contrôle pas directement les émissions de sa chaîne d’approvisionnement, mais peut influencer ses partenaires.
Solutions émergentes
- Utilisation de la blockchain pour améliorer la traçabilité
- Nouvelles réglementations incitant à une plus grande transparence

En résumé, le Scope 3 est un enjeu majeur pour les entreprises qui souhaitent réellement s’engager dans la transition écologique. Plutôt que de le voir comme une contrainte, il peut être une opportunité d’innovation, d’optimisation et de différenciation concurrentielle. Contactez Solutions Will pour un accompagnement personnalisé et structuré vers la carboneutralité.
Auteur et rédacteur de l’article

Raphaël Pittavino-Varitto
Responsable Marketing et Communications Numériques