Comme le dit d’entrée de jeu François Legault, « le cœur de notre projet, c’est l’électrification de notre économie ». On n’est donc pas dans une dynamique traditionnelle de Plan de développement durable ou de Plan Vert mais, comme c’est écrit et présenté, devant un « Plan d’économie verte ». D’où la confusion et les critiques des tenants d’une approche « pénalisante » de l’action climatique.

Pour un parti politique qui ignorait, au sens propre du terme, l’immensité des enjeux environnementaux et l’urgence d’agir lors de son élection, on ne peut que constater l’ampleur du chemin parcouru depuis 2 ans : ce plan prévoit 3,6 milliards $ pour l’électrification des transports sur 5 ans, une réduction de 12,4 Mt d’émission de GES en 2030, dont la moitié environ dans le domaine du transport. Cela fait écho au Clean BC Plan de la Colombie Britannique qui estime que ses initiatives en transport vont diminuer ses émissions de carbone de 6,0 Mt en 2030. Cela s’inscrit aussi dans la volonté du gouvernement Trudeau de réduire de 30% les émissions canadiennes de GES toujours en 2030, avec 2005 comme année de référence.

En réalité, non seulement ce plan va plus loin que tout ce qui a été déposé jusqu’à présent par la classe politique québécoise, tout parti politique au pouvoir confondu, mais il ressemble plus à un projet de société auxquels sont conviés les québécois et leurs entreprises. Cette conciliation environnement/économie ne peut se faire qu’avec une adhésion forte à ses objectifs.

Nous retenons 3 éléments de ce Plan :

  1. Sa prémisse de base et la philosophie qui en est sous-jacente, c’est que si on électrifie les transports, les entreprises et les bâtiments, on va forcément contrer les impacts des changements climatiques et diminuer nos émissions des GES. Par-delà ce mantra, il y a aussi la volonté d’utiliser notre « or bleue » comme pierre d’assise de l’économie du Québec.
  2. Par-delà l’électrification de l’économie, il y aussi une volonté affichée d’anticiper les demandes futures en énergie propre en misant sur l’hydrogène vert et les bioénergies. Si l’on examine le cadre financier rattaché à cette politique-cadre (ci-bas), ce deuxième élément apparaît comme une volonté sérieuse d’aller au-delà des vœux pieux pour ancrer l’économie du Québec sur un panaché énergétique plus diversifié que maintenant.
  3. L’assise de ces orientations et de cette vision repose sur un aménagement du territoire revu en fonction des impacts des changements climatiques. À notre avis c’est le dossier le plus important et le plus difficile à mettre en œuvre de façon ordonnée et rigoureuse. Car c’est l’arrière-cour des pouvoirs subsidiaires des villes et des MRC, là où il y a des résistances souvent fortes à mettre en place une urbanisation « durable » qui, inévitablement, pénalise financièrement les territoires locaux.

S’il est évident que ce Plan ne s’inscrit pas dans une dynamique traditionnelle de développement durable, elle a au moins le mérite d’avoir un cadre financier clair, de fixer des objectifs mesurables et de pouvoir faire l’objet d’une mise à jour récurrente.