Claudie Eustache
Dans le cadre de discussions pour la construction d’une usine de liquéfaction de gaz naturel (GNL Québec) à Saguenay, Énergie Saguenay a mandaté la Chaire en éco-conseil de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) d’évaluer la possibilité de rendre ces nouvelles installations carboneutres. La Chaire a récemment publié son rapport, dans lequel elle a tenté de répondre à la question suivante: « Comment une entreprise qui sera un grand émetteur final canadien peut-elle trouver des moyens crédibles pour devenir carboneutre dans le contexte mondial actuel. Quelles solutions peuvent être mises en œuvre et selon quel ordre de priorité? ».
En contexte industriel, la carboneutralités signifie que, dans une perspective de comptabilité carbone, les émissions de l’entreprise sont contrebalancées par des activité de captation ou de réduction par l’organisation elle-même ou un tiers. Dans le cas présent, les émissions de GES à compenser pour l’usine de GNL sont de l’ordre de 421 000 tonnes/an. La carboneutralité peut être atteinte par diverses mesures, dont les choix de méthodes de production pour réduire les émissions à la source, la réutilisation des GES produites à d’autres fins industrielles (économie circulaire), ainsi que la compensation par le développement de projets de captation ou l’achat de crédits compensatoires. La Chaire souligne que le contexte québécois amène divers enjeux importants au niveau de la comptabilité carbone de GNL, en particulier lié à certaines contraintes réglementaires du SPEDE, dont elle devrait faire partie.
Après une revue de littérature et diverses discussions avec GNL Québec, quatre avenues principales ont été évaluées :
1. L’afforestation, qui ne représente pas la meilleure option à court terme en raison du temps nécessaire pour que les plantations atteignent leur plein potentiel de capture.
2. Le captage, la purification et l’utilisation à des fins industrielles du CO2 émis; il s’agit d’une voie très intéressante dans une perspective d’écologie industrielle, mais qui demande une importante coordination en amont avec des partenaires.
3.L’achat de gaz naturel renouvelable (GNR) produit à partir de résidus forestiers présente aussi un bon potentiel pour compenser les émissions de l’usine, toutefois, plutôt à moyen terme en raison de contraintes techniques et logistiques.
4.L’achat de crédits compensatoires sur les marchés du carbone. Ces crédits peuvent être achetés sur le marché règlementaire SPEDE ou sur les marchés volontaires.
La Chaire souligne la nécessité d’intégrer l’achat de crédits compensatoires dans les premières années pour atteindre la carboneutralité et le rôle que le choix du type de crédit peut jouer dans l’atteinte des objectifs d’acceptabilité sociale du projet. Nous sommes particulièrement heureux chez WILL de voir le projet Communauté Durable être mentionné dans les options crédibles du marché volontaire non seulement comme scientifiquement rigoureuse, mais aussi permettant de maximiser les réductions en sol québécois ainsi que les retombées sociales positives.