Nous résumons ici la conférence présentée par l’organisme « Four Twenty Seven » intitulée « Climate Change and Wildfires: Projecting Future Wildfire Potential ».
Brièvement, la mission de Four Twenty Seven est de quantifier et d’analyser le risque d’apparition d’évènements naturels catastrophiques liés au changement climatique, et d’estimer leurs conséquences sociales, financières et économiques sur les sociétés. Four Twenty Seven est affilié à l’organisme financier Moody’s. Ses experts et consultants offrent une solution d’analyse de données instantanée qui permet à leurs clients de mesurer le degré d’exposition de leurs investissements à un ou plusieurs risques climatiques, et ce partout à travers le monde.
La conférence à laquelle nous avons assisté s’est focalisée sur les risques et les conséquences liés spécifiquement aux incendies, dont la fréquence et l’ampleur n’ont cessé d’augmenter conjointement depuis plusieurs années, dans le monde entier, avec l’intensification du changement climatique. Bien qu’il soit toujours difficile de déterminer une cause unique d’un incendie, dans la mesure où elles sont multifactorielles, il est certain pour les experts de Four Twenty Seven que le changement climatique produit et intensifie les conditions favorables à l’apparition d’incendies de grande ampleur : longues et intenses vagues de chaleur, climat chaud et sec, autant de facteurs qui augmentent le risque d’incendie sur de larges zones géographiques.
Selon les intervenants, tous les continents présentent un risque d’incendie élevé. Deux facteurs majeurs structurent ce risque : la couverture végétale et les conditions météorologiques. Les conditions météorologiques sont déterminées en fonction de l’indice Keetch-Byram Drought Index (KBDI). Ainsi, superposant ces deux paramètres environnementaux, les consultants de Four Twenty Seven parviennent à définir des zones critiques où le risque d’incendie est supérieur, comme le sud-ouest des États-Unis, l’Amazonie, l’Australie et le bassin méditerranéen (Grèce, Portugal, Espagne). De plus, en raison de la fonte accélérée du pergélisol sur tout le pourtour arctique, d’autres zones autrefois protégées émergent, comme la Sibérie, qui a subi d’intenses incendies durant les mois de mai et juin 2020.
Prenant l’exemple récent de l’Australie, de l’Amazonie ou de la Californie, les impacts d’un incendie de grande ampleur sont majeurs pour l’économie locale : destruction du patrimoine naturel, d’habitations et d’infrastructures, déplacement de population (signifiant aussi relocalisation), nombreuses faillites et perte d’emplois, prise en charge des victimes etc. Les conséquences économiques et sociales sont toujours nombreuses et dramatiques, autant pour les entreprises que pour les services publics.
En outre, les effets d’un incendie ne se localisent pas seulement sur un périmètre précis, mais peuvent se propager bien au-delà, à l’échelle d’un pays entier, voire d’un continent; en cause ici la diffusion du panache de fumée résultant de l’incendie. Ces fumées ont un impact sanitaire significatif, notamment respiratoire, sur une large portion de territoire. Cela nécessite des dépenses supplémentaires et augmentent la pression sur les systèmes de santé, parfois saturés ou sous-dimensionnés. Les intervenants de Four Twenty Seven nomment ces derniers effets les « far-reaching health impacts » – littéralement les impacts sanitaires de longue portée. Cela implique des enjeux financiers et assurantiels importants pour les personnes, les entreprises et les États, redéfinissant les méthodes de prévisions et la nature des investissements. Certaines régions doivent (ou devraient) désormais inclure systématiquement ce risque dans leur plan de développement, privé ou public. Cela ajoute de l’imprévisibilité et de l’incertitude, même pour des zones non critiques qui avoisinent des régions à haut risque.
Pour conclure, afin de limiter ce risque et d’améliorer la résilience des territoires, les intervenants ont souligné la nécessité fondamentale d’une coordination des actions, de l’échelle locale (par exemple, au niveau du bâtiment) à l’échelle nationale. Prenant l’exemple de certaines régions aux États-Unis, des fonds ont été alloués pour des projets de reboisement (« reforestation ») et d’aménagement afin de réduire les risques et les conséquences d’un incendie, et d’augmenter l’efficacité d’une éventuelle intervention. Cela permet d’engager des actions concrètes en faveur de l’environnement et de créer des emplois valorisants pour la région et la population. La gravité de la situation rend toujours plus urgente la nécessité d’actions concrètes et coordonnées.