Le GIEC, c’est-à-dire le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, créé en 1998 par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) et l’organisation météorologique mondiale (OMM) vient de rendre son 5e rapport. Celui-ci, une compilation d’environ 20.000 études et projections scientifiques, s’affirme beaucoup plus alarmant que la précédente édition de 2007.
Le GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, créé en 1998 par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) et l’organisation météorologique mondiale (OMM) vient de rendre son 5e rapport. Celui-ci, une compilation d’environ 20.000 études et projections scientifiques, s’affirme beaucoup plus alarmant que la précédente édition de 2007.
Le Constat: partie 1 du 5ème rapport du GIEC
A. Le constat
Les modèles climatiques envisagent, selon quatre scénarios plus ou moins pessimistes, une élévation de la température comprise entre 0,3 °C et 4,8 °C pour la période 2081-2100 rapportée à la moyenne de 1986-2005. La probabilité d’occurrence de chaque scénario dépend des quantités des GES qui seront émises dans l’atmosphère ces prochaines décennies.
La terre s’est réchauffée de 0,85 °C depuis l’époque préindustrielle. Les trois dernières décennies sont « probablement » les plus chaudes qu’a connues l’hémisphère nord depuis au moins mille quatre cents ans. De 2000 à 2010, décennie qui a privilégié l’utilisation du charbon, les émissions ont augmenté de 2,2 % par an contre 0,4 % en moyenne au cours des trois décennies précédentes. À ce rythme, le seuil des 2 °C supplémentaires, qui est l’objectif international des conférences successives des Nations unies sur le climat, sera franchi dès 2030. À l’exception du scénario le plus sobre en émissions carbonées, il est hautement improbable que la hausse des températures soit contenue dans cette limite de 2 °C.
Le GIEC estime désormais « extrêmement probable » – dans son jargon : une probabilité supérieure à 95 % – que l’élévation de la température terrestre relevée depuis le milieu du XXe siècle est bel et bien le fait de l’accumulation des GES d’origine humaine. Cette probabilité était évaluée à 90 % dans le précédent rapport.
Les conséquences: partie 2 du 5ème rapport du GIEC
Les conséquences : 1. Une hausse du niveau des mers jusqu’à un mètre.
L’une des conséquences majeures du réchauffement, a été revue à la hausse : les scientifiques envisagent désormais sur une augmentation moyenne de 26 cm à 98 cm d’ici à 2100 contre 18 cm à 59 cm dans le rapport 2007. Les climatologues prennent désormais mieux en compte la fonte dans les océans des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique. Entre 1901 et 2010, les océans se sont déjà élevés de 19 cm.
B. Les conséquences
1. Une hausse du niveau des mers jusqu’à un mètre
L’élévation du niveau de la mer* , l’une des conséquences majeures du réchauffement, a été revue à la hausse : les scientifiques envisagent désormais sur une augmentation moyenne de 26 cm à 98 cm d’ici à 2100 contre 18 cm à 59 cm dans le rapport 2007. Les climatologues prennent désormais mieux en compte la fonte dans les océans des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique. Entre 1901 et 2010, les océans se sont déjà élevés de 19 cm.
Tout au cours de notre siècle, les populations côtières – plusieurs centaines de millions de personnes selon le rapport, dont une grande part en Asie, en Europe ou en Amérique latine – seront soumises à des inondations de plus en plus fréquentes et à une érosion des littoraux en hausse, deux phénomènes aggravés par l’urbanisation massive des bords de mer.
2. Des événements climatiques extrêmes plus nombreux
Les experts s’attendent également à ce que le réchauffement climatique provoque des événements météorologiques extrêmes plus intenses, tels que les sécheresses, pluies diluviennes et – cela est encore débattu – des cyclones tropicaux plus fréquents. « Les vagues de chaleur vont très probablement se produire plus fréquemment et durer plus longtemps – affirme le climatologue Thomas Stocker, coprésident du groupe de travail du GIEC – avec le réchauffement, nous nous attendons à voir les régions humides recevoir plus de pluies et les régions les plus sèches à en recevoir moins, même s’il va y avoir des exceptions. »
3. Une insécurité alimentaire exacerbée
L’agriculture, première victime du réchauffement, souffre déjà du changement en cours. Selon le GIEC, les rendements des grandes cultures pourraient perdre en moyenne 2 % par décennie sans réel effort d’adaptation, alors que, pour répondre à la demande mondiale, il faudrait en augmenter la production de 14 % par décennie. La pêche sera aussi affectée : des espèces marines moins nombreuses autour des tropiques et de forts taux d’extinction au niveau local. Enfin, le GIEC évoque des pénuries d’eau en Afrique, en Asie et dans le sud de l’Australie. La sécurité alimentaire en sera affectée et la pauvreté augmentera, particulièrement dans les pays d’Afrique et d’Amérique du Sud.
4. Des problèmes sanitaires en hausse
Contrecoup de cette insécurité alimentaire, le GIEC s’attend à une augmentation des problèmes de santé dans de nombreuses régions, spécialement les pays en développement : accroissement des vagues de chaleur intense, mauvaise nutrition ou encore maladies liées à la contamination de l’eau et de la nourriture. Le rapport prévoit, notamment, en ce qui concerne l’Afrique, une aggravation des maladies due aux changements du régime des pluies et des températures.
5. Des risques accrus d’extinction des espèces
Ces risques concernent une large partie des espèces terrestres et marines, dont de nombreuses « ne seront pas capables de se déplacer suffisamment rapidement pour trouver des climats plus adaptés » au cours des changements climatiques. Des écosystèmes marins cruciaux, comme ceux des pôles et les barrières de corail, sont déjà particulièrement victime de l’acidification des océans. Une hausse de la mortalité des arbres pourrait survenir dans de nombreuses régions, alors que l’un des enjeux de la lutte contre le réchauffement passe par la reforestation.
6. Plus de conflits et de rivalités
Le GIEC prévoit une augmentation des déplacements de population et des « risques de conflits violents » avec « une aggravation des facteurs classiques que sont la pauvreté et les chocs économiques ». Des rivalités risquent d’apparaître entre les populations ou les États autour de ressources plus rares, comme l’eau ou les stocks de poissons, ou de nouvelles ressources économiques engendrées par la fonte des glaces telle la disparition de l’Arctique qui donnerait accès à ses nombreuses ressources en poissons, hydrocarbures et minerais.
* Conséquence du réchauffement climatique, le niveau des eaux monte, le littoral s’érode et au beau milieu de l’océan Pacifique, les îles Marshall, un ensemble d’atolls coralliens très vulnérables, pourraient disparaître.
Les recommandations : partie 3 du 5ème rapport du GIEC
C. Les recommandations
1. Un coût économique de l’inaction élevé
Comme en 2007, les experts mettent en exergue le coût économique de l’inaction : plus les gouvernements tardent, plus la charge sera lourde pour les générations futures. Une augmentation de la température mondiale de 2 °C pourrait ainsi entraîner une perte d’entre 0,2 % et 2 % des revenus annuels mondiaux. En revanche, les travaux du GIEC n’ont pas fourni d’évaluations des coûts et des bénéfices de la lutte contre le changement climatique. Les seuls chiffres mis en avant par le troisième volet du rapport tablent sur une croissance économique en baisse de 0,06 % sur une croissance anticipée de 1,6 % à 3 % par an d’ici 2100. Les effets sur l’emploi sont eux aussi très mal analysés.
2. Un modèle énergétique à revoir
Le troisième volet du rapport du GIEC souligne l’urgence qui s’impose aux États de limiter le réchauffement climatique. Il s’agit de contenir, d’ici la fin du siècle, la concentration des GES dans l’atmosphère à 450 parties par million (ppm) (valeur associée à un réchauffement de 2 °C). Cela suppose de réduire les émissions mondiales entre 40 % et 70 % d’ici 2050 et de les ramener à un niveau « proche de zéro » d’ici à 2100.
Pour atteindre ce but, des changements de comportement doivent intervenir dans tous les secteurs dont, en premier lieu, celui de l’énergie – qui représente 35 % des émissions, devant l’agriculture et la forêt (24 %), l’industrie (21 %), les transports (14 %) et le bâtiment (6 %). Dans ce dessein, selon les experts du GIEC, le recours aux énergies peu carbonées va devoir tripler, voire quadrupler d’ici 2050, l’efficacité énergétique des bâtiments doit être améliorée, sans oublier le développement des techniques de captage et de stockage du CO2. L’instauration de normes d’émissions plus contraignantes, la mise en place de taxes fondées sur les émissions et de marchés du carbone. La réduction des subventions aux énergies fossiles constitue une autre mesure éventuelle.
Article rédigé par M. Jean Charles Bancal des Issarts
Conseiller stratégique aux affaires internationales de Will, opérant depuis Paris, France