Le registre Verra : Analyse et tendances du plus grand registre de crédits carbone du marché volontaire. 

Verra :  Le spécialiste de la vérification carbone sur le marché volontaire 

Verra est un organisme qui opère un programme de certification de crédits carbone sur les marchés volontaires du carbone. En tant qu’organisme à but non lucratif, Verra détient le programme de déclaration volontaire le plus populaire à travers le monde appelé Verified Carbon Standard (VCS). Ce programme vise à certifier des projets de réductions d’émissions de carbone.  

Le programme VCS gère les règles et exigences des projets éligibles et supervise leur validation et vérification. Il se concentre principalement sur les attributs de réduction de gaz à effet de serre (GES) des projets certifiés tout en s’assurant de leur intégrité. Une fois certifiées, les réductions et absorptions d’émissions de gaz à effet de serre sont alors transformées en crédits carbone négociables.

Ce sont des organes de validation et de vérification externes, appelés VVB (Validation and Verification Bodies) qui valident les crédits carbone après un audit. Un crédit équivaut à une tonne équivalent CO2 réduite ou absorbée. L’ensemble de ces crédits carbone sont ensuite visibles au sein du registre de Verra, sous le nom de VCUs (Verified Carbon Units).  

Ce registre garantit tout d’abord le caractère unique des projets et des crédits dans le système. Il facilite ensuite la transparence des informations sur les projets certifiés et sur les unités émises et retirées. Enfin, il permet la vente des VCUs sur le marché volontaire du carbone.  

Les projets peuvent être classifiés dans l’un des 16 domaines sectoriels (sectorals scopes en anglais) suivants :  

  1. Énergie (renouvelable/non renouvelable) 
  2. Distribution d’énergie 
  3. Demande d’énergie (le projet Communauté Durable de Solutions Will opère dans ce champ) 
  4. Industries manufacturières 
  5. Industrie chimique 
  6. Construction 
  7. Transport (le projet Communauté Durable de Solutions Will devrait opérer dans ce champ bientôt) 
  8. Production minière/minérale 
  9. Production de métaux 
  10. Émissions fugitives – provenant des combustibles (solides, pétrole et gaz) 
  11. Émissions fugitives – provenant des gaz industriels (halocarbures et hexafluorure de soufre) 
  12. Utilisation de solvants 
  13. Gestion et élimination des déchets (le projet Communauté Durable de Solutions Will opère dans ce champ) 
  14. Agriculture, foresterie et autres utilisations des terres  
  15. Gestion du bétail et du fumier 
  16. Capture et stockage du carbone 

 

Un engouement croissant partagé par les initiateurs de projets de réduction 

 

En date du 1er novembre 2023, le registre de Verra comptait 3,886 projets provenant du monde entier. Parmi ceux-ci, 2,059 étaient enregistrés. Cela signifie qu’environ 53% des projets du registre ont su répondre aux normes et exigences du programme et ont été validés par Verra. Le nombre de projets enregistrés est à l’origine de la production d’environ 1 223 000 000 VCUs.  

Cependant, bien que plus de la moitié des projets du registre soient enregistrés, les « statuts » des projets restants sont variés : en cours de développement, en cours de validation, en attente, retirés, rejetés par l’administrateur, inactifs, etc. Parmi ces projets non enregistrés, les « statuts » les plus courants concernent les projets en cours de validation, en cours de développement, ou dont l’inscription et la vérification est demandée. Ces derniers représentent plus de 83% des projets non enregistrés. On observe cependant peu de projets en attente, retirés ou inactifs.  

Ces différents cas de figure traduisent ainsi l’arrivée de nouveaux projets sur le registre de Verra et plus globalement un engouement croissant de la part des initiateurs de projets de réduction d’émissions de gaz à effet de serre.  

Des projets de natures variées   

Comme nous l’avons souligné, les projets du registre de Verra sont classifiés dans l’un de ses 16 domaines sectoriels (scopes). En date du 19 octobre 2023, les quantités annuelles de réductions estimées par domaine sectoriel étaient réparties ainsi :  

Figure 1 : Réductions estimées par domaine sectoriel (Inspiré de Verra, 2024) 

Malgré la nature variée des projets du registre, on constate que deux domaines sectoriels sont à l’origine de la grande majorité des réductions générées par Verra, soit (1) Énergie (renouvelable/non renouvelable) et (14) Agriculture, foresterie et autres utilisations des terres. Ils sont respectivement responsables de 178 870 888 tCO2e et de 103 836 410 tCO2e, soit 69% des émissions totales estimées du registre. 

À la figure 1, les domaines sectoriels surlignés en orange représentent les trois secteurs d’intervention de Solutions Will. En effet, en regroupant différents projets de réduction de GES dans ses Communautés Durables, Solutions Will permet aux PMEs, municipalités et autres organisations porteuses de microprojets de réduction de GES (ou PAI: Projects Activities Instance) d’intégrer les marchés volontaires en les regroupant au sein d’une même cohorte locale.  

Les Communautés Durables exploitent en mode parapluie sous une même cohorte les domaines sectoriels (3) Demande d’énergie et (13) Gestion et élimination des déchets. Le domaine sectoriel (7) Transport sera également éligible prochainement. Cependant, les projets présents dans ces 3 domaines sectoriels combinés ne sont responsables que de seulement 23,1% des réductions annuelles estimées totales du registre de Verra.

Étant donné que les projets de Communautés Durables ne représentent qu’une faible part des réduction annuelles estimées au sein des 3 domaines sectoriels cités, on peut donc en conclure que les Communautés Durables ne représentent qu’une faible part des réductions annuelles estimées totales de Verra. En considérant que Solutions Will n’exploite que 3 domaines sectoriels sur 16, il est donc possible d’anticiper un fort potentiel de développement des Communautés Durables existantes et à venir. 

 

Une sous-représentation marquée des projets occidentaux  

Bien qu’un engouement global soit partagé par les initiateurs de projets de réduction de GES, la quantité de projets développés varie grandement d’une région du monde à l’autre. La carte suivante détaille le nombre de projets par pays, tous « statuts » confondus :  

Figure 2 : Nombre de projets par pays (Berkeley Carbon Trading Project, 2023) 

On remarque tout d’abord un nombre important de projets en Asie. En effet, la Chine est le pays comportant le plus de projets tous « statuts » confondus, avec 1115 projets dont 489 enregistrés. L’Inde, elle, est le pays ayant le plus de projets enregistrés au monde avec 1007 projets, dont 519 enregistrés.  

Qu’en est-il des pays occidentaux ? Ces derniers ne suivent pas encore la tendance amorcée par la Chine et l’Asie. Dans l’ensemble des pays européens, on compte au total 53 projets enregistrés, dont la majorité se trouvent en Allemagne. En Amérique du Nord, le Canada demeure un acteur modeste sur le marché volontaire avec uniquement 23 projets, dont seulement 8 enregistrés.

Les États-Unis (USA), bien qu’encore loin de la Chine et de l’Inde, se distinguent des autres pays occidentaux avec 157 projets, dont 94 projets enregistrés. Nos voisins américains réunissent à eux seuls plus de 75% des projets en Amérique du Nord et en Europe, faisant d’eux un marché plus mature que le marché canadien et européen. Ces constats nous laissent ainsi supposer un fort potentiel de développement de macroprojets de réduction en Europe, semblables aux Communautés Durables implantées par Solutions Will au Canada.  

Cette supposition est d’ailleurs soutenue par l’analyse des domaines sectoriels exploités par Solutions Will, et plus précisément par la localisation géographique des projets classifiées au sein de ces 3 domaines sectoriels. La figure 3 exprime le nombre de projets au Canada, aux États-Unis et en Europe parmi les domaines sectoriels 3,7 et 13 :  

Figure 3 : Nombre de projets au Canada, aux États-Unis et en Europe au sein des domaines sectoriels 3, 7 et 13 (Inspiré de Verra, 2024) 

En comparant le nombre de projets des domaines sectoriels 3, 7 et 13 au Canada, aux États-Unis et en Europe, on remarque globalement très peu de projets enregistrés au sein des trois régions; il en va de même pour les réductions annuelles estimées générées par ces projets. Bien qu’une exception soit notable pour le domaine sectoriel 13, qui détient 29 projets aux États-Unis, cela n’indique pas que le marché américain soit pour autant saturé. Au contraire, le potentiel des États-Unis est tout aussi grand lorsque l’on considère que ce pays génère environ 300 millions de tonnes de déchets solides municipaux annuellement, dont 50% sont enfouis (Statista, 2023). De plus, les 29 projets de réduction du domaine sectoriel 13 aux États-Unis se composent principalement de projets de captage et de torchage des biogaz générés par les sites d’enfouissement. On y trouve cependant très peu de projets liés au détournement des déchets, au recyclage ou encore au compostage, laissant un espace considérable à l’établissement de nouveaux projets. L’ensemble de ces tendances traduisent donc un fort potentiel de développement de nouvelles communautés durables en Europe et aux États-Unis. 

Conclusions tirées par Solutions Will  

Solutions Will tire plusieurs conclusions à la suite de l’analyse du registre de Verra : 

  • De nouveaux projets sont à venir au sein du registre; 
  • L‘Asie présente une activité marquée, contrairement aux pays occidentaux;  
  • Le Canada demeure un acteur modeste sur le marché volontaire du programme de Verra; 
  • Le potentiel de développement de macroprojets, de type parapluie multi sectoriels (domaines sectoriels 3,7 et 13) existants est fort;  
  • Le potentiel de création de nouvelles Communautés Durables et autres macroprojets carbone en Europe et aux États-Unis est important. 

Bibliographie 

 

Mathis Chanvillard
Auditeur GES
Auteur et rédacteur