«Les crédits carbone, c’est quand on plante des arbres pour compenser des émissions de gaz à effet de serre, non ? ». C’est une question qu’on me pose souvent quand je parle de mon travail. La réponse est oui… et non. Un crédit carbone représente une tonne de gaz à effet de serre (GES) qui a été réduite ou retirée de l’atmosphère. Cependant, ces retraits et réductions peuvent avoir été créées de différentes façon. Observons les crédits carbone de plus près pour mieux comprendre. 

Les 3 types de crédits carbone 

Le marché volontaire du carbone est vaste et très varié. On peut toutefois catégoriser les différents types de crédits : 

  • Les crédits issus des technologies de capture de carbone grâce à l’ingénierie 
  • Les crédits issus des GES séquestrés grâce à la nature (Nature-Based Solutions
  • Les crédits issus de la réduction des émissions de GES à la source. 

 

Les technologies de capture de carbone grâce à l’ingénierie 

 

Ces crédits proviennent de la capture du CO2 pour ensuite l’incorporer dans différents produits, afin d’éviter qu’il ne retourne dans l’atmosphère. La séquestration s’effectue par injection de CO2 dans des formations géologiques souterraines, comme des aquifères salins ou des cavités vides. D’autres projets innovants, comme Deep Sky, sont aussi en phase de développement.  

 Les émissions séquestrées grâce à la nature (NBS) 

 

Ces crédits proviennent du fait que certains milieux naturels emmagasinent du carbone. Promis nous n’allons pas nous lancer dans de grandes explications sur la biologie végétale! En bref, ce sont des milieux naturels qui, par la photosynthèse, capturent le carbone atmosphérique et le stockent sous forme de sucres dans les tissus des plantes.

Il existe donc des projets de réduction des émissions de GES où l’on protège des forêts naturelles et plante des arbres. Les milieux naturels peuvent également être des puits de carbone par l’évitement de la décomposition. En effet, la décomposition relâche des émissions de GES. Si le milieu naturel n’est pas favorable à la décomposition, alors il emprisonne le carbone pour des milliers d’années. C’est le cas, par exemple, des tourbières.  

Notons que les solutions fondées sur la nature favorisent la biodiversité et restaurent les écosystèmes naturels. Cela est fait en addition des émissions de GES séquestrées. Ensuite, certains projets peuvent aussi contribuer à l’adaptation climatique en atténuant ses impacts. On peut par exemple mentionner la réduction des inondations grâce à des zones humides naturelles. Ou encore, la régulation du climat local par la plantation d’arbres. 

La réduction des émissions à la source 

Les crédits de réduction des émissions à la source représentent l’évitement et/ou la réduction d’émission de GES. Les réductions doivent aller au delà des pratiques d’avant ou des pratiques dites communes. Ces crédits encouragent donc le dépassement du ‘Business As Usual pour des pratiques écoresponsables et novatrices. Par exemple, la conversion d’énergies fossiles à une énergie verte, l’efficacité énergétique et la revalorisation des déchets font partie des projets de réduction des émissions à la source. 

Conversion et efficacité énergétique 

Lorsqu’on passe d’une énergie fossile à une énergie verte (éolienne, hydroélectricité, nucléaire, solaire) on évite ou réduit les émissions de GES associées à la combustion du carburant. Pour chaque kWh généré, l’empreinte carbone est proportionnellement plus faible qu’auparavant. 

Par des mesures d’efficacité énergétique, on remplit le même besoin avec une consommation énergétique moindre. Ainsi, les émissions de GES sont encore réduites. 

Revalorisation des matières résiduelles 

Traditionnellement, les matières résiduelles sont envoyés dans des lieux d’enfouissement. Cela émet des GES en raison de la décomposition des déchets. Lorsque les matières résiduelles sont recyclées ou compostées, les émissions de GES sont grandement réduites. Ultimement, c’est encore mieux lorsque les matières résiduelles sont réutilisées. Par exemple, cela peut être comme matière première. Ainsi, on évite la potentielle extraction des matières premières pour fabriquer un produit.

Un bon exemple serait un membre de la Communauté durable de Solutions Will, Lauzon Bois Énergétique, qui récolte les résidus de bois de plusieurs entreprises forestières. L’entreprise évite l’enfouisssement initialement prévu. Ensuite, Lauzon Bois Énergétique les transforme en granules de bois pour le chauffage à la biomasse. Comme le dit un dicton populaire, les déchets de l’un sont les trésors de l’autre ! 

Plusieurs autres excellents exemples de projets de réductions se trouvent sur notre site web. Notre Communauté Durable regroupe une variété de projets québécois et ontariens de réduction des émissions à la source.  

En addition, les projets de réductions à la source encouragent également l’innovation, puis le développement et l’adoption de technologies plus propres et durables.  

Enfin les projets de réduction sont adaptables aux spécificités de différents domaines et industries. Cela en fait une catégorie de projet très flexible et aux nombreuses applications

 

Pourquoi les types de crédits carbone sont important ? 

 

Il est important de connaître les différents types de crédits carbone parce que, comme le dit Sebastien Cross, co-fondateur de BeZero Carbon, « certains crédits carbone performent mieux que d’autres» pour assurer la véritable réduction des émissions de GES.  

En effet, les crédits carbone issus des projets basés sur la nature ont souvent eu mauvaise presse pour différentes raisons, certaines plus légitimes que d’autres.  

Premièrement, dans ces projets, il est difficile de maintenir la séquestration de CO2, car les milieux naturels sont soumis à de nombreux aléas, comme les feux de forêt. Lorsque les végétaux servent de combustibles, le CO2 emmagasiné est immédiatement remis dans l’atmosphère. Pour y remédier, certains porteurs de projets appliquent des probabilités pour prendre en compte ces aléas.  

Deuxièmement, les crédits carbone peuvent être délivrés selon le nombre de tonnes de GES qu’un projet prévoit réduire. Autrement dit, ces crédits carbone peuvent être vendus avant que la réduction ne se soit réellement produite. C’est ce qu’on appelle la certification ex-ante. Ceci permet au proposeur de projet d’avoir du financement pendant la durée de son projet. Cependant, cette méthode de certification peut causer des problèmes lorsque les crédits sont achetés. Après l’achat, et si un malheureux aléa empêche le déroulement prévu du projet, cela peut ainsi causer un achat de crédit carbone qui ne représente pas une réelle réduction de GES. 

La certification ex-ante, bien qu’elle ne soit pas exclusive aux projets naturels, est plus courante pour ce type de projet. La nature prend de nombreuses années avant d’emmagasiner tout le carbone qu’elle a le potentiel d’emmagasiner. Dans le cas de la plantation d’arbres, la plupart des arbres prennent plus de 25 ans avant d’avoir terminé leur croissance et l’emmagasinage de carbone dans leurs tissus. De plus, l’acquisition des terres est souvent très dispendieuse et c’est pourquoi le financement est nécessaire dès le début du projet. Imaginez devoir attendre plus de 25 ans avant de commencer à rembourser votre dette ! 

 

Attention à la généralisation sur les types de crédits carbone! 

Si les crédits carbone issus des projets naturels comportent un risque, cela signifie-t-il que l’ensemble des crédits carbone ne sert à rien ? Non. Mettre tous les crédits carbone dans le même panier serait comme dire que tous les aliments sont mauvais pour la santé alors que certains aliments sont essentiels pour notre santé. Ridicule, non ? 

Le Conseil sur l’intégrité du marché volontaire du carbone (ICVCM) soutient d’ailleurs que les crédits carbone sont un outil essentiel pour le développement de projets de réduction d’émissions de GES et pour l’atteinte des objectifs climatiques mondiaux. 

Solutions Will s’engage et prend des actions concrètes pour le climat. Chez Will, nous sommes spécialisés dans les crédits carbone issus de projets de réduction à la source situés au Québec et en Ontario. Ainsi les crédits carbone de Solutions Will sont de haute qualité. Quoi de plus sûr et intègre qu’un crédit carbone issu d’une tonne de GES qui a déjà été réduite?  

Si vous préférez acheter des crédits carbone basés sur la nature (NBS), nous vous conseillons les crédits carbone de notre partenaire Carbone Boréal. Projet québécois, vous aurez ainsi accès à des crédits carbone locaux et vérifiés.   

Anne Ménard

Anne Ménard

Auditrice GES

Autrice de l’article