Le jour du dépassement n’est pas une course à laquelle on veut arriver premier. En fait, lors de cette course annuelle, il faut arriver le plus tard possible. Idéalement, il ne faudrait même pas dépasser…
Qu’est-ce que le jour du dépassement ?
Développé par l’organisme de recherche Global Footprint Network, le jour du dépassement (Earth Overshoot Day) est un concept qui met en relation la consommation humaine et la capacité de la Terre. Plus précisément, le jour du dépassement est la date à laquelle la demande en ressources naturelles et en services écologiques au cours d’une année excède la capacité de régénération annuelle de la Terre.
Cette année, le jour du dépassement mondial est le 2 août. Cela signifie que tout ce que la Terre aura pu régénérer au cours de l’année a été consommé entre le 1er janvier et le 2 août 2023. Pour le reste de l’année, l’humanité est en « déficit écologique » c’est-à-dire qu’on utilise les ressources naturelles des générations futures pour répondre à nos besoins du moment présent.
Comme conséquence, il en résulte notamment une situation de déséquilibre due à la pression excessive sur les écosystèmes, un appauvrissement des services écologiques rendus par notre planète, un dérèglement du climat ou encore l’acidification des océans.
Comment est-ce que le jour du dépassement est calculé ?
Le calcul du jour du dépassement commence par un rapport entre deux éléments : la biocapacité et l’empreinte écologique globale.
D’abord, la biocapacité est la capacité des écosystèmes de la Terre à produire des ressources naturelles, telles que le bois, les fruits et légumes, le poisson, les minéraux, et à exercer leurs rôles écosystémiques, comme l’absorption de CO2. Certains endroits sur la Terre sont plus productifs que d’autres. Par exemple, les déserts sont des endroits pauvres en ressources, alors que les forêts tropicales sont des écosystèmes riches et productifs. Ainsi, la biocapacité de la Terre est mesurée en superficie productive moyenne. Cette superficie a été estimée à 1,5 hectares et des poussières par être humain en 2023, ce qui est l’équivalent d’environ 3 terrains de football américain.
Ensuite, l’empreinte écologique globale, dans le cadre du calcul du jour du dépassement, représente la superficie de Terre productive qu’un humain aurait besoin pour subvenir à sa demande. En 2023, cette superficie s’élève à 2,6 hectares par être humain, soit près de 5 terrains de football américain. Ce rapport démontre que la demande en ressources et en services écologiques excède largement ce que la Terre peut produire par année.
Finalement, pour représenter cet écart sous forme de date, le rapport entre les deux éléments est multiplié par le nombre de jours par année. Ainsi, cette année, la demande humaine aurait dépassé les capacités de régénération de la Terre lors du 214e jour de l’année, soit le 2 août 2023.
Les jours du dépassement par pays en 2023
Tout le monde ne contribue pas de manière égale au jour du dépassement. Pour tenter de mieux illustrer cette réalité, le jour du dépassement est calculé par pays. Dans ce contexte, le jour du dépassement représente le jour où la capacité de régénération annuelle de la Terre serait dépassée si tous les êtres humains de la Terre consommaient comme l’habitant moyen de ce pays.
Ainsi, un jour tôt dans l’année indique que les habitants de ce pays nécessitent beaucoup de ressources pour soutenir leur rythme de vie. Le but est donc d’arriver à la fin de la course en dernier ; ou même de ne jamais arriver, comme l’ont fait les champions de 2023 : l’Inde, les Philippines, Haïti et plusieurs autres.
Source des données : Earth Overshoot Day (en anglais)
Malheureusement, le Canada a beaucoup de chemin à faire pour rejoindre les champions. Tout comme plusieurs autres pays, il se doit de faire sa part pour retarder son jour du dépassement.
Comment retarder le jour du dépassement ?
Le Global Footprint Network estime que 60% de la superficie nécessaire par être humain est dédiée à l’absorption du carbone qu’une personne émet. Autrement dit, 60% de l’empreinte écologique globale est due aux émissions de CO2. Il est donc impératif de réduire ces émissions.
Comment s’y prendre ?
Pour les entreprises
Une façon de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) est par le choix d’énergie verte. En effet, selon le Global Footprint Network, si 75% de l’énergie produite mondialement provenait de sources faibles en carbone, le jour du dépassement pourrait être retardé de 26 jours ! Toutefois, ce changement n’est pas chose facile.
Solutions Will peut vous aider. Étant un expert carbone, Solutions Will s’implique dans cette transition énergétique en rémunérant vos projets de conversion ou d’efficacité énergétique grâce aux crédits carbone que ces projets génèrent.
Il existe plusieurs autres façons de réduire ses émissions de GES. Il suffit de connaître son impact climatique avec une empreinte carbone. Cet outil permet d’identifier quelles activités émettent le plus de GES dans le but de prioriser les efforts de réduction.
Pour les individus
En tant que consommateur, on peut contribuer au retard du jour du dépassement en:
- adoptant un mode de vie qui favorise un rythme de consommation plus faible
- qui encourage la réutilisation et la réparation de biens.
- lorsque la consommation s’impose, il est préférable de choisir des entreprises locales et responsables.
En adoptant de telles pratiques, la demande pour les ressources naturelles et la pression que nous imposons sur les services écologiques et les écosystèmes sera plus faible. La demande se rapprochera donc de la capacité de régénération de la Terre et la date du jour du dépassement sera retardée.
Bref, le jour du dépassement illustre très bien le contraste entre la consommation frénétique, les émissions de GES et les limites de la Terre. Ce qu’il faut retenir du jour du dépassement est donc, ironiquement, de ralentir…
#MoveTheDate
Anne Ménard
Auditrice GES
Autrice de l’article