Bien que les accords tenus lors de la COP26 de novembre dernier à Glasgow s’inscrivent dans une trajectoire d’augmentation des températures globales de 2,4 degrés Celsius, les 200 pays qui étaient présents se sont entendus sur une transition vers des énergies renouvelables. Précisément, ils ont signé l’accélération de la fin des subventions aux énergies fossiles et de l’usage du charbon dans le but d’abandonner progressivement ces énergies non-renouvelables. Cette entente est la première de l’histoire à inclure ces mots clairs et précis [1]. Plusieurs politiques de transition énergétique ont été annoncées avant et après cette conférence. On peut penser à l’arrêt de la vente de nouveaux véhicules légers à essence au Québec à partir de 2035 [2] ou encore à la planification de la taxe imposée sur les carburants en aviation par la Commission européenne [3]. Les actions concrètes qui s’alignent avec la transition énergétique se multiplient sur le globe et au fil du temps.

La diversification des modèles de voitures électriques ainsi que la chute drastique des prix des énergies renouvelables observée durant les dernières années nous portent à croire qu’une réelle transition est enclenchée. De petits avions utilisent maintenant de l’électricité en remplacement des combustibles fossiles et les premiers traversiers électriques sont en opération [4]. Mais est-ce que les énergies alternatives pourront prendre la place des énergies fossiles? En 2020, c’est encore 84,3% de l’énergie utilisée mondialement qui provient des énergies non-renouvelables malgré la diversification du mix énergétique et des avancées dans le domaine des énergies renouvelables [5]. Le charbon reste une source d’énergie dominante dans la plupart des marchés mondiaux d’électricité [4].

 

Économies d’énergie; économies financières

Une étude parue dans la revue Global Environnemental Change en 2020 évaluait les besoins énergétiques d’une personne qui vit dans un système constitué entièrement d’énergies renouvelables. Cette personne aurait accès à un domicile confortable, à assez de nourriture et d’eau, voyagerait 10 000 km par année, aurait accès à l’éducation, à des soins de santé et à des télécommunications. Ce mode de vie induit une demande énergétique de 4 000 kilowattheures par personne par année. Au Canada, actuellement, un seul ménage utilise environ 7 000 kilowattheures d’électricité par année pour s’éclairer, pour faire fonctionner les électroménagers et pour le divertissement [6]. Les énergies renouvelables peuvent aisément fournir la quantité d’énergie citée par l’étude pour toutes et tous sur la planète [7].

En fournissant de l’énergie sur l’entièreté du globe, ce secteur catalyse des emplois. En 2020 aux États-Unis, ce sont 3,4 millions de personnes qui étaient employées par le secteur des énergies renouvelables [8]. Les nouveaux emplois ainsi que la croissance dans l’industrie énergétique découleront progressivement du secteur renouvelable [9]. On assistera au contraire à une diminution drastique des emplois du secteur des énergies fossiles qui sera causé par la décarbonisation profonde des économies globales.

 

Quelles méthodes existent pour réduire les émissions de mon entreprise? 

 

Métaux rares et stockage du flux d’énergie : embûches?

Les énergies renouvelables se présentent sous forme de flux d’énergie intermittent dont la formation est continue. Les énergies fossiles se sont formées il y a plusieurs millions d’années et sont stockées dans le sous-sol terrestre [10]. Ce n’est un secret pour personne, les ressources de la Terre sont finies. La transition vers les énergies renouvelables prend son point de départ dans la quantité de carbone atmosphérique trop importante et toujours grandissante à cause, principalement, des gaz émis par la combustion de ces ressources. Cette transition fait également intervenir la problématique de la quantité limitée des réserves d’énergies fossiles. Cependant, le processus de fabrication et le maintien des technologies de conversion des énergies renouvelables fait intervenir des métaux et des éléments rares qui, eux, ne sont pas renouvelables. La transition vers ce système impose une pression additionnelle sur les ressources minérales principales et sur les métaux de spécialité.

Les métaux dans les technologies d’énergies renouvelables gardent leurs propriétés et peuvent théoriquement être recyclés. En revanche, la demande énergétique actuelle et future grandissante pourrait induire une dégradation des réserves et des ressources de métaux vers 2050 dans un système composé entièrement d’énergies renouvelables selon une équipe de recherche de l’Université Polytechnique de Lausanne [11].  Bien qu’il n’y ait pas d’obstacles à la production d’énergie en quantité adéquate, cette transition du système énergétique fait intervenir des ressources de la Terre qui sont finies. Il existe des métaux alternatifs qui peuvent remplacer ceux qui sont plus rares. Par exemple, dans les cellules de silicone solaire, on peut utiliser l’argent à la place du cuivre comme élément conducteur. Cette substitution réduirait l’efficacité de conversion de l’énergie, mais elle représente une avenue possible pour palier au problème éventuel de la dégradation des ressources et des réserves. Le système renouvelable a cet avantage de substitution et de recyclage des métaux que le système fossile ne possède pas.

Il faut ainsi poursuivre les recherches pour pallier la dégradation future des métaux rares afin de prévoir de façon efficace les mesures à prendre pour permettre une transition soutenable. L’extraction, le raffinement et le transport des énergies fossiles comptent pour 12% du cycle complet de l’usage énergique. Ensuite, celles-ci sont souvent brûlées selon des méthodes inefficaces, ce qui induit un gaspillage important [12]. Dans le cas des énergies renouvelables, il y a moins de gaspillage induit par leur fabrication et par leur usage, mais le défi réside dans le stockage de l’énergie produite. Effectivement, ces sources génèrent leur énergie à certains moments de la journée qui ne sont pas fonction des heures de demandes importantes. Les énergies solaires et éoliennes sont imprédictibles puisqu’elles sont dépendantes de la météo. On peut stocker l’énergie produite dans des batteries afin de la sauvegarder pour les moments où les besoins énergétiques sont les plus importants ou lorsqu’il y a des pannes. Ces batteries sont cependant assez dispendieuses, ce qui diminue le rapport qualité-prix des énergies renouvelables [13].

Bien qu’il y ait des défis à la mise en marche d’un système énergétique entièrement renouvelable, cette solution en est une intéressante pour la problématique des émissions de carbone excessives dans le modèle énergétique global actuel. C’est la combinaison de plusieurs solutions climatiques qui nous permettra l’atteinte des cibles climatiques, mais le financement ainsi que la recherche dans le secteur des énergies renouvelables est une composante importante afin d’assurer une transition soutenable. Cependant, elles ne doivent pas seulement s’ajouter au mix énergétique des pays; elles doivent complètement remplacer les énergies fossiles.  Il y a une différence fondamentale entre l’accélération de la production d’une nouvelle source d’énergie en vue de l’additionner au mélange actuel et entre transiger loin des énergies qui contribuent aux problématiques environnementales [14]. L’addition de nouvelles énergies afin de réduire la part des énergies fossiles, ne suffit plus : les énergies carbonées doivent être abandonnées.

Alexie Roy-Lafontaine

Alexie Roy-Lafontaine

Rédactrice scientifique pour le web et les réseaux sociaux

Autrice de l’article